2007
Je suis une personne extrêmement quétaine dans la vie. J'aime ben gros l'amour cucul, les petites platitudes de la vie quotidienne et les phrases clichées qui font quand même chaud au coeur. Et cet album remplit toutes les cases pour moi. Cependant, je sais que c'est vraiment pas la tasse de thé de tout le monde. Je pense que c'est un album qui mérite au moins une écoute front-to-back, de préférence en fin d'automne ou en début d'hiver, emmitouflée dans une grosse couverture avec un chocolat chaud et un être cher devant un feu de foyer.
On sent clairement que c'est un premier projet. C'est très amateur, ça feel comme un couple qui se chante des chansons dans leur petit foyer loin de tout le monde, mais c'est tellement un baume pour le coeur comme vibe. La plupart des chansons sont très vides en matière d'instruments, les harmonies sont ultra simples, mais on s'en fout! Tricot Machine, c'est innocent et childlike même dans ses moments plus sérieux, c'est une déclaration d'amour écrite au crayon de cire qui lit "Veux-tu être mon amoureuse?" avec deux boîtes pour cocher oui ou non, c'est un petit coffre avec des billes, de la laine, des bonbons et genre 2,50$ en p'tit change. C'est toute la joie enfantine de ce monde, qui réchauffe l'âme et console les tits coeurs brisés. Et des fois, c'est tout ce dont on a besoin.
Oh et by the way, ce review va être très biaisé. J'ai un gros lien personnel avec cet album, donc j'aime pas mal toutes les chansons dessus. Mais anyways, si tu lis mes reviews et que tu t'attends à ce que je sois objective, arrête ça immédiatement pétasse. Je parle d'albums que j'aime, parce que sinon ce serait une perte de temps. Pourquoi est-ce que je passerais plus de temps que nécessaire à écouter ou parler d'un album qui m'intéresse pas?
Savez-vous tricoter? / À vos aiguilles!
Pas mal la seule chanson qui me laisse indifférente, elle est pas insane mais elle est bien fun! C'est full concept, elle donne des instructions pour faire du tricot. Le mix banjo, synth et drum est simple, mais amusant. Et ses petits "Ah ah ah ah!" sont goofy as hell, mais ça fonctionne ici parce que la toune se prend zéro au sérieux. Shoutout!
Ce matin j'me suis faite une p'tite bouffe / Mais à vrai dire ça passait pas vraiment / J'm'étais même préparé un bol de soupe / Car j'espérais te voir dedans
Ok là on rentre en force pour vrai avec une des meilleures chansons de l'album. Elle start hyper simple, mais elle vient s'attacher à ton coeur super vite. Des triples claps, une petite harmonie ben ben l'fun et ce piano solide comme un roc. Plus le crescendo augmente, plus ton coeur se remplit de joie. Et là, comme ils le disent si bien, POW POW! Le temps que l'adrénaline descende, un petit bout mellow qui me faisait pleurer quand j'étais jeune et une fin qui vient boucler la boucle de cette relation entre femme et ours. C'est court, c'est snappy, c'est mignon, c'est une métaphore pour la vie de couple, c'est tout ce que tu pourrais vouloir d'une chanson vraiment.
Penses-tu qu'on va passer à travers le temps qu'il fait c't'hiver?
Nom de Zeus que la personne au piano slay 100% du temps, le blend parfait de beauté et simplicité. La plupart des chansons de Tricot Machine parlent d'hiver d'une manière très queb, et leur registre de vocabulaire plus familier aide à ça. Selon moi, ça rend l'album plus terre à terre, plus mignon, plus fun. Et cette chanson en est un exemple parfait. L'optimisme du fait que l'hiver, dans leurs coeurs et dehors, est passager, feel tellement joyeux à cause du langage courant québécois. C'est une petite chanson cute, plaisante à chanter, pas plus compliqué que ça.
De perdre sa mère au centre d'achat / De perdre son père 2 semaines sur 3
La chienne d'aimer ou de v'nir trop vite
Ce piano a tellement d'énergie c'est fou. Anyways, je trouve que c'est une chanson qui réussit à valider nos peurs tout en les relativisant. De nous présenter des petites peurs d'enfant juxtaposées à des vraies peurs d'adultes, pour nous montrer qu'au fond, c'est tous les mêmes monstres. Comme ça, quand la fin (qui est un sale coup de réalité au visage) arrive, ça frappe mais sans angoisser. Les drums qui donnent l'image d'un train aident vraiment à avoir le stress qui monte. Même si Tricot Machine c'est pas le groupe qui va te faire arriver à des grandes réalisations sur la vie, je trouve que c'est une métaphore assez singulière et intéressante et elle est bien explorée.
Ça doit ben faire cent fois / Que j'me rends pas à ton oreille / Cent fois qu'j'te l'dis pas
Une bonne première balade triste qui annonce le gouffre du milieu d'album. On rentre dans le contenu plus calme, plus triste et au piano doublement plus magnifique. Mais pour l'instant, on a un petit amuse-bouche avec un message simple mais qui touche quand même : je t'aime, même si je te le dis pas toujours. ON a des belles figures de style, comme l'anaphore de "chaque fois" ou bien les moments qui deviennent de plus en plus proches du moment présent, et le buildup final est à croquer avec ses la la la mimis comme tout.
J'voulais être l'homme qui a vu l'ours / Mais chez nous, à Beloeil / Y'a juste des écureuils
Une autre chanson calme, celle-ci beaucoup plus triste. C'est fun d'avoir une chanson de dépression qui est pas super emo et "tout le monde me déteste", qui est groundée dans la réalité. Parce que le sentiment d'être juste ben ordinaire comme personne, on l'a tous senti à un moment où un autre. L'instrumentale est très barebones, comme le protagoniste de la chanson, mais qui touche quand même une corde sensible. On a quand même un petit banjo qui s'installe à la moitié de la chanson, et il parle de Beloeil!! Rahhhh Beloeil ma ville!! Anyways...
On s’éclipse du party / La neige crisse sous nos pieds / Les flocons dansent doucement / Dans le vent / Mais c'pas la faute du temps si j'frissonne
Holy fuck, quelle chanson. Elle est tellement magnifique, ce piano est majestueux, je me sens dans l'histoire avec eux. D'ailleurs, j'ai tellement besoin de vivre cette chanson un jour. Pour vrai, la langue québécoise de banlieue n'aura jamais été autant pleine d'amour et de désir, sans même avoir besoin de le dire directement. J'ai même pas de mots pour dire à quel point ça me touche. Si y'a une toune que je peux te conseiller d'aller écouter direct, c'est bien celle-là. Elle est tout simplement belle.
"Pourquoi courir / Si ça nous mène tout droit au ciel / Pour 100 000 ans"
Pour vrai la toune en entier se résume par cette parole. C'est une rétrospective toute simple de la vie de quelqu'un, ça prend pas le temps de prendre son souffle 2 secondes et ça me rappelle d'apprécier les petits moments de la vie. C'est pas le truc le plus deep ever, mais le message est clair et efficace, pis la toune est fun à écouter. Elle est aussi vraiment fun à chanter, genre phonétiquement parlant tout fonctionne vraiment bien ensemble.
Mais va pas croire que j'm'ennuie / J'sais rester forte malgré la pluie / Ok c'est vrai, c'est des menteries / Donne-moi d'la force, mens moi aussi
Quelle belle chanson. On rentre vraiment dans le bout downer de l'album, mais même là c'est pas trop dépressif au point que ça s'écoute juste quand t'as déjà envie de pleurer. On est tout en douceur, comme si la chanson voulait pas te blesser en étant trop forte. La contrebasse (je crois) est tellement une touche magnifique qui fait vibrer mon âme. Pis maudit que Catherine a une belle voix. Une chanson qui complémente très bien un breakup (je parle d'expérience ici).
Même si on se l'dit tous les jours / J'suis toujours pas dev'nu invincible
Je suis pas mal sûre que c'était une des chansons préférées de mon ex celle-là. Anyways, c'est probablement la chanson sur laquelle j'en ai le moins à dire. Elle est belle, elle est turbo downer avec un piano qui pèse sur le coeur, elle contient plein d'images simples à comprendre mais qui font un bel effet, et elle a pas besoin d'être plus que ça pour que je l'adore.
Je l'sais que c'est quétaine / Mais c'est l'histoire qui m'vient / L'hiver quand on s'promène / Pis qu'tu m'tiens par la main
Pour moi, le mot "quétaine" est représenté par cette chanson. C'est une toune qui feel super québécoise, autant dans sa représentation de l'hiver que dans la quantité de contractions que dans le choix de mots (shoutout à slotche, faire des tatas, tarla, tapon pis calorifère). Le refrain explique la chanson au complet, c'est une petite histoire mignonne qu'on se raconte entre amoureux. C'est super léger comme toune, vraiment inoffensif, mais ça me donne envie d'aimer et d'être aimée. Clairement c'est pas la chanson la plus poussée qui existe, mais c'est sa naïveté et sa simplicité qui fait que c'est ma toune préférée sur cet album.
Le gars dans l'heure de pointe / Avec son arrogance / Oubliait qu'le destin / Prend toujours sa revanche
C'est la toune qui diffère le plus du restant de l'album, mais I fuck with it HARD. Le personnage principal est un trou de cul mais on est pas censés sympathiser avec. L'ambiance est ultra stressante, il chante d'une manière qui nous laisse pas prendre de break pendant les couplets, et j'ai compté, y'a 27 rimes en -ance différentes. Impressionnant for real. Comme d'habitude, rien de révolutionnaire dans le sujet, mais c'est toujours bien raconté et cette toune a un swagger particulier qui est pas présent nulle part d'autre dans l'album.
On fait nos fanfarons / Jusqu'à c'que l'amour nous amoche
Chaque fois que j'écoute cette chanson, je pense à mon amie et ancienne coloc (allô Liviane! Love youuuu) qui faisait le ménage entier de l'appartement chaque fois qu'elle était ultra fâchée. Cette toune a été écrite pour elle. Anyways, c'est vraiment cliché cucul comme toune. Les p'tits rires tout le long, le langage de clowns, le ton léger, c'est vraiment une bonne manière de finir l'album. Selon moi, ça représente bien Tricot Machine en son entier: un couple qui s'aime pis qui nous le fait savoir. Et tu sais quoi? Je suis contente pour eux. Je leur souhaite une bonne vie ensemble.
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